ONNO VAN SEGGELEN FINE ART
Pays-Bas | Stand 28
Le Salon du dessin, grand rendez-vous des amateurs d’arts graphiques, ne pourra avoir lieu cette année. Mais, en attendant l’édition 2021, le marché du dessin poursuit son cours malgré la crise. La galerie Onno Van Seggelen, installée à Rotterdam, propose en ligne deux dessins représentant des jeunes femmes, croquées par Gerard van Honthorst (1592-1656).
Chaque dessin vaut 75 000 euros.
Comment classer Gerard van Honthorst parmi les grands maîtres de la peinture hollandaise du XVIIe siècle ? Contemporain de Rembrandt, Hals et Vermeer, il faut le placer d’abord parmi les maîtres de l’école caravagesque d’Utrecht, puis parmi les grands peintres du siècle d’or hollandais. Il est né dans une famille catholique d’artistes et appartient, avec son frère Wilhelm, à la troisième génération de peintres après son grand-père Herman et son père Gerrit, doyen de la guilde d’Utrecht en 1579. Sa formation, il la passe auprès d’Abraham Bloemaert vers 1606, qui lui apprend à traduire en peinture les clairs obscurs dramatiques.
Caravage et les Carrache : synthèse de styles romains
Au bout de quelques années d’apprentissage à Utrecht, il part à Rome où il est impressionné par l’esthétique nouvelle développée par Caravage. De 1610 à 1620, il reste en Italie, reçoit des commandes du cardinal Scipione Farnese, du cardinal Maffeo Barberini (le futur pape Urbain VIII) et du marquis Vicenzo Giustiniani, qui le loge dans son palais où il a sans doute côtoyé Guido Reni, Luca Cambiaso, Caravage et les Carrache.
Rentré en Hollande en 1620, il connaît alors un immense succès, gloire couronnée par la visite du grand Rubens en 1627. Comme ses confrères Hendrick Ter Brugghen et Dirck van Baburen, il introduit au nord ce style caravagesque aux éclairages violents. Grâce à ses scènes nocturnes, il est d’ailleurs surnommé Gherardo della Notte (Gérard de la nuit). Mais, sans doute grâce à son contact avec les Carrache à Rome, il défend également la grande manière décorative romaine.
Succès et commandes royales
Il peint des personnages à mi-corps et joue sur la profondeur du tableau avec des premiers plans qui servent de repoussoir. La riche clientèle commerçante, les églises et les princes hollandais lui demandent des compositions religieuses, des portraits et des scènes de genre teintées d’humour. Les commandes sont si nombreuses qu’il est obligé d’avoir un atelier important allant jusqu’à 24 élèves.
Invité à la cour de Charles Ier d’Angleterre, il peint quelques décors pour le palais de Whitehall et un Mercure présentant les arts libéraux à Apollon et à Diane (aujourd’hui conservé au château de Hampton Court). Pour le roi du Danemark, il conçoit de vastes compositions historiques. Enfin, à La Haye où il s’installe en 1637, il devient le peintre de la cour de Guillaume II d’Orange-Nassau et décore les châteaux de Rijswijk, Honselaersdijk et Huis ten Bosch.
L’art graphique du clair-obscur
En ce qui concerne les deux dessins de la galerie Onno van Seggelen, on connaît leur origine puisqu’ils ont été présentés en 2014 par le marchand Nicolas Schwed parmi un groupe de 27 feuilles, toutes de même format, recouvertes d’un même fond bleu-vert et provenant d’une collection privée belge. L’un représente une jeune femme tenant une chandelle, l’autre une autre jeune femme tenant une peinture. L’encre noire et grise ainsi que le lavis sont rehaussés de craie blanche, qui accentue le caractère pictural de ces dessins.
Ce ne sont pas, a priori, des croquis préparatoires pour des peintures, assure la galerie, mais « ces feuilles montrent des similarités nombreuses avec la jeune femme qui figure dans les deux versions du Reniement de Saint Pierre (1618 et 1622-24), du Groupe de musiciens éclairé par une chandelle (1623) et du Cavalier et femme chantant à la lumière d’une chandelle (1624) ».
On peut toutefois noter des points communs entre ces deux portraits de femmes et les traits d’Elisabeth Stuart, sœur de Charles Ier d’Angleterre et reine de Bohême vivant en exil chez l’ambassadeur d’Angleterre à La Haye, ainsi que ceux de ses filles Louise Hollandine van der Palts, qui a été l’élève de Gerard van Honthorst, et Henriette Marie van der Palts. Toutes deux ont été portraiturées par Honthorst plusieurs fois dans les années 1640.
Cependant, ces deux dessins remontent à une vingtaine d’années auparavant, au retour de l’artiste d’Italie, alors qu’il est encore très marqué par la leçon de Caravage et de ses clairs obscurs. Tous deux seront publiés dans le catalogue raisonné de Honthorst que David Bronze est en train de rédiger.
Ces deux dessins sont estimés chacun 75 000€ et proposés à la vente par la galerie Onno Van Seggelen
Contact : info@onnovanseggelen.com
www.onnovanseggelen.com
info@onnovanseggelen.com
Un article de Guy Boyer
Directeur de la rédaction de Connaissance des Arts