HÉLÈNE BAILLY GALLERY
France | Stand 08
Le Salon du dessin, grand rendez-vous des amateurs d’arts graphiques, ne pourra avoir lieu cette année. Mais, en attendant l’édition 2021, le marché du dessin poursuit son cours malgré la crise. Ce pastel sur papier, représentant Sara au bonnet avec son chien, dessiné par Mary Cassatt vers 1901, est proposé par la galerie Bailly, à Paris. Son prix annoncé est de 520 000 euros.
Parmi les artistes de la fin du XIXe siècle en France, hormis Rosa Bonheur, peu de femmes sont parvenues à s’imposer au même rang qu’Alexandre Cabanel, Édouard Manet ou Claude Monet. Il faut dire, qu’en cette fin du XIXe siècle, il n’est pas facile pour une artiste femme de se former (l’école des Beaux-Arts leur est fermée jusqu’en 1897), de concourir (il faut attendre 1903 pour qu’elles puissent participer au Prix de Rome), d’exposer ou de vendre leurs travaux en galeries.
Artistes femmes : une génération impressionniste
Pourtant, si l’on regarde le cursus de ces femmes peintres, elles ont toutes eu une formation en cours privés ou dans les ateliers de Charles Chaplin, Léon Cogniet, Jean-Jacques Henner ou Carolus-Duran. Sans parler des académies Colarossi et Julian.
En ce qui concerne les femmes impressionnistes, trois noms reviennent le plus souvent : Eva Gonzales, Berthe Morisot et Mary Cassatt. Elles ont été les élèves ou les modèles des peintres les plus connus. La première a été l’élève et le modèle d’Édouard Manet. La seconde, élève de Corot, est également l’élève de Manet et va épouser son frère Eugène. Enfin, la troisième, riche héritière d’un banquier américain, est très proche d’Edgar Degas.
Les tendres portraits de Mary Cassatt
« Comme son amie Berthe Morisot, explique la galerie Bailly, Mary Cassatt s’illustre dans l’art du portrait, qui devient son genre de prédilection. Son regard moderniste et son interprétation du sujet la gageront d’une renommée internationale ». Mary Cassatt a d’abord été formée aux États-Unis, à l’Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie.
Arrivée à Paris en 1865, elle entre dans l’atelier de Paul-Constant Soyer, puis dans celui de Charles Chaplin où elle apprend l’art du portrait, et dans celui de Jean-Léon Gérôme. Après la guerre franco-prussienne de 1870, elle expose au Salon et se fait remarquer par Degas, qui l’invite à se rapprocher des artistes impressionnistes. Elle expose onze œuvres dont les tableaux Lydia dans une loge portant un collier de perles et La Tasse de thé à la Quatrième Exposition impressionniste en 1879.
Même si elle reste célibataire toute sa vie, à partir des années 1880 et à la mort de sa sœur, elle se lance dans une série de tendres portraits d’enfants, souvent avec leur mère. Plus tard, elle se concentre sur une fillette seule, parfois accompagnée de son chien. Issues de sa famille ou enfants d’ami, quatre modèles se partagent ses préférences. Aux côtés de Reine, Margot et Simone, Sara donne souvent ses traits pour ces portraits de fillettes. Elle serait la petite-fille d’Émile Loubet, le président de la République de 1899 à 1906. Parfois, il s’agit de petites voisines de sa propriété de Beaufresne, qu’elle a achetée en 1894 au Ménil-Théribus, dans l’Oise.
Un pastel à l’atmosphère sereine
Les années 1901 à 1904 sont la période des grands pastels. Cette technique, au rendu un peu flou, lui permet de rendre l’atmosphère sereine d’un intérieur confortable, calfeutré. Le fond est rapidement brossé à partir de grandes diagonales pour le papier peint et d’horizontales pour les lambris ou le dossier d’un canapé.
« Les tons de notre dessin sont également exemplaires de cette époque, renchérit Hélène Bailly. Le bleu turquoise et l’orangé sont en effet largement favorisés par l’artiste. Aussi, le chapeau porté par Sara est une manière pour Cassatt d’introduire de vibrantes et chaudes couleurs ainsi qu’une texture contrastant avec celle de la robe. Il s’agit d’un indice certain de son intérêt pour la mode qui a été remarqué par les critiques et qui lui vaudra le surnom d’inventrice des madones modernes ».
Ces portraits d’enfants n’ont pourtant pas la faveur du marchand de Mary Cassatt, Paul Durand-Ruel, qui rechigne à les exposer. Ce n’est qu’à partir de 1905 et avec l’aide de son nouveau galeriste, Ambroise Vollard, qu’elle pourra les présenter au public et toucher le cœur des collectionneurs avec ces scènes intimes et vibrantes.
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Un article de Guy Boyer
Directeur de la rédaction de Connaissance des Arts