La Fondation Dubuffet, qui, durant toute cette année 2024, fête ses 50 ans d’existence a été choisie pour être l’invitée d’honneur de la présente édition du Salon du dessin
Créée par l’artiste lui-même, la fondation a été reconnue d’utilité publique par décret en 1974. L’exposition présentée au Salon du dessin est l’un des premiers événements organisés pour cet anniversaire. Le choix de la fondation s’est porté sur la variété des techniques et leur emploi inventif par l’artiste, dont le support commun est le papier.
Riche d’une collection de plus de 1 300 œuvres sur papier, dons de l’artiste de son vivant ou acquisitions plus récentes, la fondation a sélectionné 55 œuvres réalisées entre 1935 et 1985.
Artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle, Jean Dubuffet (1901-1985) s’engage, en 1942, dans une vaste entreprise de déstabilisation de l’institution culturelle. Ainsi, à ceux qui défendent le parti du bien dessiner, il leur oppose celui du mal dessiner. Dans un entretien où il est tout à la fois l’interviewé et l’intervieweur, il explique : « On appelle couramment bien dessiner le faire de manière à s’approcher avec exactitude d’une prise de vue photographique et c’est ce qui m’apparaît à moi mal dessiner, ou plutôt ne pas dessiner du tout. À toute production d’art, si humble soit-elle, on demande en tout cas qu’elle soit créative. »
Jean DUBUFFET
Site avec quatre personnages
Encre de Chine sur papier
40,5 x 32,5 cm
24 décembre 1961
Coll. Fondation Dubuffet, Paris © Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
Jean DUBUFFET
Le burnous au vent
Peinture à la colle sur papier
44,5 x 25,5 cm
El Goléa, janvier-avril 1948
Coll. Fondation Dubuffet, Paris
© Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
« Je m’occupe à longueur de journée à des dessins à l’encre de Chine, écrit-il en 1944, pas de graphismes déliés […] respectant la fleur du papier, mais au contraire le papier je le besogne, l’arrache, le griffe, l’écorche ». Le matériau est une donnée essentielle dans l’œuvre de l’artiste : « L'art doit naître du matériau et de l’outil et doit garder la trace de l'outil et de la lutte de l’outil avec le matériau. L’homme doit parler mais l’outil aussi et le matériau aussi ». Ainsi, chez Dubuffet, le papier parle : support parfois brutalisé, gratté, peint, découpé et assemblé, il est parfois simplement ajouté pour servir d’aplat de couleur.
Avec le papier, il y a l’instrument qui permet de dessiner. Dubuffet est féru d’innovations techniques. Chaque période de son travail se voit privilégier un outil : ainsi ses tout premiers dessins du cycle de L’Hourloupe (1962-1974) sont réalisés avec un stylo Bic quatre couleurs, le marker et le feutre prendront ensuite le relais.
Le choix des œuvres exposées démontre que le dessin – tout comme la peinture, la sculpture, la musique et l’architecture – a constitué pour Jean Dubuffet un terrain d’expérimentations et d’invention. Le dessin n’est jamais – ou sinon très rarement – une étude pour une œuvre plus aboutie. Il est un sujet à part entière.
Jean DUBUFFET
Personnage (en pied)
Marker (avec collage) sur papier
27x21,5 cm
3 janvier 1967
Coll. Fondation Dubuffet, Paris
© Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
Jean DUBUFFET
Barbe des colères
Assemblage d’empreintes (encre de Chine)
51x34 cm
Juin 1959
Coll. Fondation Dubuffet, Paris
© Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
Jean DUBUFFET
Activation LII
Crayons de couleur et feutre noir sur papier à lettres
27x21 cm
8 février 1985
Coll. Fondation Dubuffet, Paris
© Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
Jean DUBUFFET
Territoire aux deux promeneurs
Marker (noir) sur papier (éléments découpés et collés sur papier gris)
50x32,5 cm
6 juillet 1974
Coll. Fondation Dubuffet, Paris
© Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris
Fondation Dubuffet
137, rue de Sèvres
75006 Paris
Tél + 33 (0)1 47 34 12 63
dubuffetfondation.com