ROSENBERG & CO
Etats-Unis | Stand 02
Le Salon du Dessin, grand rendez-vous des amateurs d'arts graphiques, ne pourra avoir lieu cette année. Mais, en attendant l'édition 2021, le marché du dessin poursuit son cours malgré la crise. Découvrez dès à présent sur le site de la galerie Rosenberg & Cie ce dessin abstrait d’Auguste Herbin de 1926, estimé à 30 000 dollars (28 000 euros environ).
C’est en 2013, au musée Matisse du Cateau-Cambrésis qu’a eu lieu la dernière rétrospective de l’œuvre d’Auguste Herbin (1882-1960). Quoi de plus naturel pour un enfant du pays car, même s’il est né à Quiévy, à 10 kilomètres du Cateau-Cambrésis, c’est dans cette ville qu’il passe son enfance. Ses études artistiques, il les fait à l’Académie des Beaux-Arts de Lille de 1898 à 1901 dans l’atelier de l’artiste académique Pharaon de Winter, auteur de grands tableaux d’église et de portraits graves.
La révélation cubiste et au-delà
Très vite, Auguste Herbin file à Paris. Il peint dans le style postimpressionniste, courant à l’époque. Il expose au Salon des indépendants en 1906 et, trois ans plus tard, c’est le choc. Il vient de rencontrer Picasso et Braque, tous deux encore étonnés de l’impact de leurs propositions cubistes sur la jeune génération.
« Cette simplification terrible qui a porté le cubisme sur les fonts baptismaux, rappelle Bernard Zurcher avec clairvoyance, est responsable en grande partie d’un véritable mouvement dont ni Braque, ni Picasso ne voulaient assumer la responsabilité. Un mouvement dont les théoriciens (Albert Gleizes et Jean Metzinger) ne dépasseront guère les bizarreries cubiques stigmatisées par Vauxcelles ».
Dans ces années 1910, tout le monde fait du cubisme, décompose et recompose la réalité, se joue des facettes et des volumes éclatés. Herbin fait comme les autres post-cubistes. Il est soutenu par le critique d’art allemand Wilhelm Uhde, qui collectionne Braque et Picasso et défend Marie Laurencin.
Du camouflage à l’abstraction
En 1912, Herbin participe à l’exposition de la Section d’or à la galerie La Boétie avec les membres du groupe de Puteaux, réunis dans l’atelier de Marcel Duchamp et de son frère ainé Jacques Villon. Tous viennent du cubisme mais ils veulent s’en distinguer, élaborant un principe harmonique où les formes sont régies par le nombre d’or de la Renaissance, d’où le terme de Section d’or, et par des tracés régulateurs.
Dès que la Première Guerre mondiale éclate, Herbin est affecté à la décoration d’une chapelle militaire à Mailly-le-Camp, dans l’Aube, puis dans l’atelier camouflage, dirigé par le peintre Lucien-Victor Guirand de Scevola, pour imaginer des toiles bariolées capables de se fondre dans la nature.
Ces recherches tendant vers l’abstraction vont-elles influencer son travail personnel ? Dès 1917, Herbin produit ses premières toiles abstraites que Léonce Rosenberg, le directeur de la galerie de L’effort moderne, va exposer dans les années suivantes.
Nouvelles recherches dans l’esprit de Miro
Mais en 1919, Herbin se lance dans des peintures sur bois géométriques en relief. Il veut faire des objets monumentaux. Incompréhension de la part du public et de la critique. Il se retire au Cateau-Cambrésis, épouse Louise Bailleux en 1922 et revient, côté peinture, à un style plus figuratif. Ces années de retrait vont être également l’occasion pour Herbin de faire des recherches graphiques à partir de formes simples, d’aplats de couleurs pures et de lignes souples.
De cette période date sans doute ce dessin aux tonalités joyeuses, où les formes s’entrecroisent avec des plans de couleur. Un peu comme dans certaines toiles de Miro du milieu des années 1920, peuplées de disques, cônes, équerres et ondulations. Ici, rien d’aussi précis. Pas d’éléments pris au réel. Ce ne sont que des plans colorés, parfois d’une égale intensité pour les aplats à la gouache, parfois avec de subtiles variations dues à l’emploi de l’aquarelle. Les couleurs sont savamment réparties, même si les bleus dominent.
Quelques effets de volumes apparaissent avec l’emploi de hachures au pinceau. Restent les deux mystérieuses zones blanches, scandées de traits gris, qui rappellent des partitions musicales. Mais Herbin, en ces années 1910-20, n’était-il pas proche d’Henry Valensi, le peintre musicaliste, fou de rythme et de couleurs ?
Cette oeuvre d’Auguste Herbin est proposée à la vente par la galerie Rosenberg & Co. et estimée environ 28 000 €.
Contact : (info@rosenberg.com)
Guy Boyer
Directeur de la rédaction de Connaissance des Arts