GALERIE ARY JAN
France | Stand 06
Le Salon du dessin, grand rendez-vous des amateurs d’arts graphiques, ne pourra avoir lieu cette année. Mais, en attendant l’édition 2021, le marché du dessin poursuit son cours malgré la crise. La galerie Ary Jan, à Paris, propose cette Rêverie, dessiné par Jacques Majorelle en 1955 à la gouache et poudre d’or. Ce dessin est proposé à 95 000 euros.
Si vous parlez de Majorelle, vous devez aussitôt préciser. Louis ou Jacques. Louis, le père, l’ébéniste lorrain Art Nouveau. Ou Jacques, le fils, le peintre orientaliste de la période Art Déco. Pour cette nouvelle proposition dessinée, il s’agit bien sûr de Jacques Majorelle, qui débute sa formation spécialisée en 1901 à l’Ecole nationale des Arts appliqués de Nancy pour apprendre les règles de l’architecture auprès de Jules Larcher. Diplômé deux ans plus tard, il devient donc architecte tout en s’adonnant à sa passion : la peinture. Pour cela, il suit des cours auprès de Victor Prouvé et d’Emile Friant, deux artistes de l’Ecole de Nancy. Peu à peu et grâce à l’agrément de ses parents, Jacques Majorelle s’éloigne de l’architecture, se rend à Paris et expose au Salon en 1908 un tableau de style académique intitulé La Coiffure.
Une invitation au voyage
À la recherche d’inspiration nouvelle, il part en Espagne, en Italie et arrive en Égypte en 1910. « Vous décrire l’impression que me fait Alexandrie, s’enthousiasme le jeune artiste, est chose impossible. Je suis littéralement ahuri par la couleur et le soleil, j’ai la gorge serrée ! Quelle merveille ! Vivement que j’étale le soleil qui doit s’énerver dans mes tubes. » Aux couleurs sourdes, aux verts délavés et aux bruns intenses de cette production d’avant-guerre vont suivre des couleurs plus intenses dès qu’il arrive au Maroc pour une mission de mise en valeur du patrimoine artistique du royaume chérifien. De Tanger (avec ses « marchés rutilants de couleurs et une kasbah pleine de mystère et de poésie ») au Haut-Atlas (qu’il découvre en 1921), il arpente tout le pays dont le général Lyautey, ministre de la Guerre du cabinet d’Aristide Briand, veut préserver le patrimoine traditionnel.
« Il est le premier peintre occidental à pénétrer au sein des kasbah, rappelle Mathias Ary Jan. Jacques Majorelle parvient à retranscrire dans ses toiles l’intensité et la puissance de caractère de ces sites dont les tours gigantesques aux murs épais et aux lucarnes grillagées ne ressemblent à rien de ce qu’il connaissait jusqu’alors ». À l’architecture marocaine vont succéder de nombreux nus noirs à partir des années 1930 auxquels se rattache ce dessin de 1955. « Faisant évoluer sa technique, explique encore le galeriste, Majorelle n’hésite pas à couvrir de grands papiers parfois teintés, sur lesquels il pose des couleurs détrempées. Puis, il modèle ses nus en y ajoutant des couleurs vives qu’il pose à la brosse ou parfois directement avec ses doigts en les mêlant à des poudres métalliques afin de leur donner un relief plus intense ». Ces couleurs métalliques sont de l’argent ou, comme ici, de la poudre d’or.
En Afrique noire
C’est à partir de 1929 que Majorelle demande à Poisson et Sinoir la construction de sa villa aux formes cubistes, près de son atelier installé dans sa première maison. Huit ans plus tard, il opte pour des couleurs vives et peint sa villa d’un bleu intense, le bleu Majorelle. Au milieu des années 1940, à la recherche de nouveaux modèles, Jacques Majorelle part en Afrique de l’Ouest. D’abord le Soudan, puis la Guinée et la Côte d’Ivoire. Aux scènes de marché, pleines de vie et de couleurs vives, répondent des nus et des portraits de femmes. « Durant ces différents séjours, explique encore Mathias Ary Jan, Majorelle se constitue une réserve de documents avec de nombreuses photographies de vie quotidienne dont il se servira de retour à Marrakech». 1955, année d’exécution de ce dessin d’une femme allongée regardant de face le spectateur-voyeur, est aussi le moment d’un terrible accident de voiture qui conduira Majorelle à être amputé d’un pied. Il meurt en 1962 à Paris, où il a dû être rapatrié à cause d’une nouvelle fracture.
Ce dessin est estimé 95 000 euros et proposé à la vente par la galerie Ary Jan.
Contact : contact@galeriearyjan.com
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Un article de Guy Boyer
Directeur de la rédaction de Connaissance des Arts